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Premiers pas virtuels vers le chinois...
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6 novembre 2011

La politique étrangère de la République populaire de Chine depuis la crise : évolutions et contraintes

Valérie Niquet - mars 2011 - 10 p.

http://www.frstrategie.org/barreFRS/publications/notes/2011/201102.pdf

Conclusion

La République populaire de Chine semble persuadée d’avoir acquis, à la faveur de la crise de 2008, les moyens d’imposer enfin ses propres règles du jeu et de se voir reconnu le statut de superpuissance auquel elle aspire au niveau stratégique. Cette assurance nouvelle et maladroite, fondée sur les succès économiques de la RPC, a toutefois provoqué, au-delà du sentiment de surprise et de déception chez des acteurs qui voulaient croire à l’intégration de la Chine au système mondial, des réactions en retour qui ne pourront que rendre plus difficile la mise en oeuvre des scénarios de montée en puissance élaborés par les dirigeants chinois. Si la Chine a longtemps pu bénéficier de la tentation du retrait des grandes puissances, au premier rang desquelles les États-Unis, facteurs réticents d’équilibre en Asie, il semble que cette situation soit aujourd’hui renversée. Washington proclame fortement sa volonté de réengagement dans la zone avec le soutien de l’ensemble des puissances régionales. Loin de s’intégrer à un jeu multilatéral dont le G20 après la crise se voulait le symbole, la République populaire de Chine apparaît au contraire comme quasi exclusivement mobilisée par la défense de ses propres intérêts, ou plus exactement ceux du parti communiste qui la dirige. Cet éclairage permet de comprendre l’irrationalité apparente de certaines prises de position, alors que la projection d’une image de puissance, en dépit des risques de déstabilisation induits par cette attitude, est perçue par les dirigeants chinois comme un facteur essentiel de légitimité dans une société insatisfaite. Plus grave, pour l’essentiel, les dirigeants chinois et les experts qui les entourent, à la fois reflets et inspirateurs des modes de pensée des autorités, semblent incapables de saisir les changements fondamentaux que le monde a connus depuis la fin de la Guerre froide. Ainsi, pour nombre d’entre eux, si la perception de la Chine s’est dégradée depuis quelques années au sein de l’Union européenne ce serait d’abord parce que l’Europe aurait besoin d’un nouvel « ennemi commun » pour renforcer son unité. La puissance chinoise toutefois, en dépit des succès qu’elle a rencontrés, est loin d’être consolidée. Les taux de croissance sont impressionnants mais les résultats en termes de développement sont loin d’être aussi convaincants, ouvrant la voie à de nouvelles insatisfactions sociales et politiques qui fragilisent le pouvoir.  Surtout, au-delà du discours sur le rééquilibrage de la croissance, la République populaire de Chine demeure très dépendante de l’extérieur. Dépendante des grands marchés européens et américains, dépendante de nouveaux marchés où il faut s’implanter agressivement au risque de provoquer des réactions de rejet, comme en Inde, ou de méfiance. Dépendante enfin des investissements étrangers et taïwanais qui continuent pour une large part d’alimenter l’atelier Chine. Au-delà des alliances de circonstances, le régime chinois demeure profondément isolé. L’ensemble de ces fragilités pèse sur les choix d’un régime qui, engagé par nécessité dans la globalisation, tente d’élaborer les concepts et les stratégies qui lui permettront d’échapper aux conséquences internes de cette globalisation. La Chine apparaît donc aujourd’hui comme la dernière grande puissance véritablement unilatérale du XXIe siècle, il n’est pas certain que cette situation puisse se prolonger très longtemps.

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