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Premiers pas virtuels vers le chinois...
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6 novembre 2011

Problématiques stratégiques en Asie à l’horizon 2025 : essai de prospective

http://www.frstrategie.org/barreFRS/publications/rd/RD_20081114.pdf


Bruno Tertrais, Maître de recherche, Fondation pour la recherche stratégique (14 novembre 2008)

SOMMAIRE

1 – LE SCÉNARIO PRINCIPAL

1.1 – 2025 : une Asie dominée par la Chine et l’Inde

1.2 – Deux puissances fragiles

1.3 – Les faiblesses spécifiques de la Chine et les chances de l’Inde
1.3.1 – Les faiblesses de la Chine
1.3.2 – Les chances de l’Inde

1.4 – De forts risques de tensions et de conflits

1.5 – L’émergence de la Chine est-elle belligène ?

1.6 – 2025 : des États-Unis encore en position dominante
1.6.1 – Les raisons de croire à la prééminence américaine à l’horizon 2025
1.6.2 – Comparaison Chine/États-Unis à l’horizon 2025

1.7 – Un engagement américain en Asie maintenu, mais des modalités ayant évolué

1.8 – Conclusion de la première partie

2 – LES SCÉNARIOS ALTERNATIFS

2.1 – L’hypothèse d’un conflit Inde/Chine

2.2 – L’hypothèse d’un conflit Chine/États-Unis

2.3 – L’hypothèse d’un conflit Japon/Chine

2.4 – Les autres scénarios
2.4.1 – L’hypothèse d’un conflit Chine/Russie
2.4.2 – Les scénarios de réalignement de la puissance

2.5 – Conclusion de la deuxième partie

3 – CONCLUSIONS D’ENSEMBLE

3.1 – Conclusion générale

3.2 – Conséquences pour la prolifération

3.3 – Conséquences pour l’Europe

3.3 – Conséquences pour l’Europe

Les conséquences pour l’Europe d’un tel conflit seraient d’abord et avant tout écono-miques et financières.

Si la Chine est pour l’instant un partenaire relativement mineur (en 2005, 13,5 % des importations européennes et 4,9 % de ses exportations), cette proportion est certainement appelée à s’accroître. D’après certaines estimations, la Chine prendra la place des États-Unis comme premier partenaire commercial de l’Europe dès 2020.234 En outre, les conséquences indirectes – via les effets sur les marchés financiers, ainsi que les effets macro-économiques sur les États-Unis et le Japon – seraient majeures. Par ailleurs, un conflit impliquant Taiwan aurait des conséquences importantes sur l’évolution du secteur du traitement de l’information (l’île étant le principal producteur de semi-conducteurs). Ces conséquences pourraient également être stratégiques.

 A n’en pas douter, un soutien ouvert de pays européens aux États-Unis et/ou au Japon dans un conflit les opposant à la Chine se verrait opposer une manoeuvre de dissuasion de la part de Pékin (voire de Pyongyang si l’on considère comme crédible l’hypothèse d’une Corée du Nord dotée de missiles intercontinentaux). Dans le cas chinois, une telle manoeuvre pourrait prendre trois formes différentes, non exclu-sives l’une de l’autre : (1) Un « rappel » voilé de la capacité technique de la Chine à menacer le territoire européen par des moyens balistiques ; (2) Des attaques contre les systèmes d’information et de communication européens ; (3) Un « incident malheu-reux » impliquant des ressortissants européens en Chine, ou en mer, un navire marchand européen, etc.

 L’Europe pourrait également être indirectement concernée par les agissements d’un État profitant de la situation pour placer ses propres pions. Par exemple, en cas de conflit majeur impliquant les États-Unis, un pays tel que l’Iran pourrait y voir un « effet d’aubaine » et prendre des initiatives au Moyen-Orient qui seraient contraires aux intérêts européens – le cas échéant avec l’approbation, au moins tacite, de Pékin.

 Enfin, l’Europe pourrait indirectement souffrir des conséquences d’un revirement stratégique de la part de la Chine à la suite d’un tel conflit, qui pourrait exporter des technologies balistiques ou nucléaires vers des pays voisins ou proches de l’Europe. On pense notamment à ceux qui en ont déjà bénéficié (ex : Iran, Algérie).

Il reste que l’Europe aurait sans doute peu de risques d’être directement impliquée dans un conflit en Asie du type de ceux qui ont été décrits par l’étude. Pour des raisons de délai d’intervention sur la zone, les forces européennes ne pourraient sans doute pas participer à une opération de défense de Taiwan. Peu de scénarios impliqueraient une opération terrestre massive des forces américaines impliquant des demandes américaines de « backfilling ». Ce sont surtout les forces maritimes européennes qui pourraient être appelées à remplacer ou à compléter les forces américaines de surveillance des espaces (Méditerranée, océan Indien), notamment en cas de conflit prolongé. Néanmoins, plusieurs hypothèses d’implication de forces militaires européennes à un conflit en Asie-Pacifique peuvent être imaginées :
 Participation de forces maritimes à des opérations de surveillance et de déminage des détroits en Asie du Sud-Est ;
 Participation à une opération en Asie du Sud-Est, notamment en vertu d’une inter-prétation extensive des engagements pris (a) d’une part, en 1954 (Traité de défense de l’Asie du Sud-Est), pour ce qui concerne Paris et Londres, qui implique la France et le Royaume-Uni dans la défense de la Thaïlande et des Philippines contre une agression extérieure, et (b) d’autre part, en 1971 (Five-Power Defense Arrangements), pour ce qui concerne le Royaume-Uni, qui l’engage à des consultations bilatérales en cas d’agression ou de menace d’agression contre la Malaisie ou Singapour.
 Participation de forces terrestres, sans doute sous l’égide de l’ONU, à une opération de stabilisation de la Corée du Nord après l’effondrement du pays. Ce scénario pourrait également exister pour le Pakistan ou l’Indonésie ;
 Participation à des opérations de contrôle d’un embargo à l’encontre d’un pays de la zone ;
 Participation à une opération de défense collective au titre de l’article 5 du traité de Washington au cas où le territoire américain serait attaqué, soit à la suite d’un scénario du type 11 septembre, soit au cours d’un conflit avec la Chine (attaque contre Guam ou Hawaï) ;
 Renforcement de la protection des TOM (Nouvelle-Calédonie, Polynésie) en cas de conflit étendu et prolongé entre les États-Unis et la Chine ;
 Participation à la défense de la Corée du Sud par l’envoi de contingents terrestres symboliques – de l’ordre d’un bataillon, soit environ 700 hommes – ou d’une task force maritime en cas d’attaque nord-coréenne (en application de l’engagement pris en 1953235).

Cette dernière hypothèse n’a pas été traitée par l’étude, qui est axée sur les relations entre les principales puissances de la région. Elle ne doit toutefois pas être omise du champ de la prospective à l’horizon 2025. La détente et le processus de négociation entre Séoul et Pyongyang ne doit en effet pas faire perdre de vue qu’un effondrement de la Corée du Nord pourrait générer des décisions extrêmes – et qui ne seraient pas nécessairement « irrationnelles » du point de vue d’un régime aux abois.

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